Vendredi 10 novembre l’entreprise CVE (Changeons notre Vision de l’Énergie) et la commune de Sénas ont annoncé l’abandon du projet d’usine de méthanisation que nous annoncions à Sénas dans notre Article du 28 aout
- Voir : Le communiqué de CVE
- Voir : Article Le Régional
Après l’annonce publique du projet, la décision d’abandon est rapidement intervenue suite à la forte mobilisation des riverains et des Sénassais contre ce type d’installation. Certains retours d’expérience justifient les inquiétudes sur les nuisances potentielles des unités de méthanisation et expliquent cette mobilisation : voir à titre d’exemple le Rapport sur le méthaniseur de Gramat sur le site institutionnel Vie Publique…
Questions sur la méthanisation
N’ayant pas de connaissance précise sur la méthanisation, notre association avait prévu de travailler sur le sujet afin de définir un positionnement raisonné sur le projet de Sénas ainsi que sur les projets de méthanisation en général. Dans ce cadre, nous avons rencontrer CVE et planifier notre participation à une formation FNE-PACA sur la méthanisation. Nous avions également prévu de contacter des associations et riverains proches des installations de CVE déjà en service à Moret sur Loing, Montbrison ou Aoste afin d’avoir des retours directs sur d’éventuelles nuisances constatées.
A ce jour la formation FNE-PACA n’a pas encore eu lieu (reportée du 4 octobre au 21 novembre) et nous n’avons pas eu les retours attendus. Après l’abandon du projet sur Sénas nous restons donc avec un certain nombre d’interrogations. En voici quelques unes :
- Zone Natura 2000 : Le choix de CVE pour une implantation en zone Natura 2000 nous parait extrêmement étonnant. Les zones Natura 2000 n’ont pas vraiment été créées pour accueillir des installations industrielles de type ICPE (Installation Classé Pour l’Environnement) ! Avant d’envisager un projet dans ce type de zone, il aurait fallu démontrer qu’aucun site hors zone Natura 2000 n’existait ailleurs sur le territoire métropolitain. Or CVE nous a indiqué ne pas avoir étudié d’autre site que celui de Sénas !!!
- Nuisances olfactives : CVE affirme que son procédé de méthanisation ne génère pas d’odeurs insupportables… En vérité, il semble que tout dépend du type d’entrant qui alimente le processus de méthanisation. Si les produits végétaux purs (ensilage de maïs par exemple) ne génèrent pas d’odeurs nauséabondes, ceci n’est pas le cas du fumier, du lisier, des boues de station d’épuration mais aussi des biodéchets. Or si CVE exclut clairement de traiter les boues de station dépuration ou du lisier, il n’en est pas de même des biodéchets ni même du fumier…
- Qualité agronomique du digestat : Le digestat (résidu organique après méthanisation) est présenté par CVE comme un « engrais naturel » forcément bénéfique à l’agriculture. En vérité la composition de ces digestats est assez variable et dépend de la nature, de la qualité et de la variabilité des entrants. Les biodéchets sont souvent eux-même mal connus, ils peuvent contenir des produits phytotoxiques dont la présence est difficile à détecter. Un suivi agronomique et environnemental de l’utilisation du digestat devrait être systématiquement réalisé par un organisme totalement indépendant.
De l’intérêt des zones d’accélération
S’il est un enseignement à tirer de « l’affaire du méthaniseur de Sénas », c’est que choisir un site de développement d’énergie renouvelable (méthanisation mais aussi éolien et photovoltaïque) en tout discrétion entre élus et entreprises puis mettre ensuite habitants et citoyens devant le fait accompli, n’est sans doute pas la meilleure façon de procéder…
Une concertation globale envisageant toutes les options possibles sur l’ensemble du territoire concerné apparait plus appropriée. En cela, la loi d’accélération des ENR qui oblige les communes et leurs groupements à définir les sites de développement à privilégier sur leur territoire en concertation avec les habitants apparait comme la bonne démarche à suivre : les usines de méthanisation sont également concernées.
En ce qui concerne la méthanisation de biodéchets, les sites prioritaires seraient plutôt à rechercher au voisinage de sites de traitement de déchets existants (enfouissement, incinération, déchetterie, tri, recyclage,…) ou encore sur des sites industriels.
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