Article Le Régional du 20/01/2021
Pas de quoi s’inquiéter selon les autorités…
Entre mercredi 6 janvier et mardi 12 janvier une anomalie sur le circuit de distribution d’eau potable s’est produite dans les quartiers Est de Mallemort : pendant près d’une semaine l’eau sortait toute blanche du robinet avec une forte odeur de chlore. La couleur blanche était due à une importante quantité d’air dissous dans l’eau, l’odeur était manifestement due à un surdosage en chlore. Voir article.
Ces anomalies (couleur et odeur) ont brusquement disparu dans la journée du 12 janvier. Les contrôles réalisés le 13 janvier et diffusés sur le site facebook de la commune confirment ce que tout le monde avait déjà constaté : le taux de chlore est redevenu normal (o,34mg/L au niveau de la station de pompage et 0,20mg/L sur tous les autres points de mesure : mairie, réservoir du village, centre secours pompier, lotissement des la Tuilerie à Pont Royal).
Aucune information n’a cependant été donnée sur l’origine de cette anomalie ni sur le taux de chlore atteint dans les premiers jours de l’incident avant l’intervention des services d’Agglopole Provence Eau (APE). Dix jours après cet évènement et malgré un mail à APE nous restons toujours en attente d’une explication technique crédible sur ce qui s’est réellement passé…
Fonctionnement d’une station de chloration
A défaut d’explication officielle, l’analyse du fonctionnement d’une installation de chloration permet de faire l’hypothèse d’un problème au niveau d’un système d’injection de chlore. Une défaillance sur le circuit d’alimentation d’un » hydroéjecteur » peut parfaitement expliquer à la fois la présence d’air dissous dans l’eau (le phénomène de « l’eau blanche ») et le surdosage en chlore (l’odeur de piscine).
Les schémas ci-dessous expliquent le fonctionnement d’une station de chloration.
On notera que l’hydroéjecteur utilisé pour dissoudre le chlore dans l’eau fonctionne comme une trompe à vide : en créant (par effet venturi) une dépression dans le tuyau d’alimentation en chlore, l’hydroéjecteur aspire le gaz de chlore dont le débit est ajusté par le détendeur et la vanne modulante. Si le tuyau d’alimentation en chlore est endommagé ou mal branché, une importante quantité d’air peut également être aspirée et c’est alors un mélange d’air et de chlore qui est injecté et dissous dans l’eau.
Pour plus de détails voir le site Chloromètre.fr ou le Guide de la chloration
Un peu de chimie
Le chlore réagit avec l’eau pour former plusieurs composés. Les deux principales réactions sont les suivantes
L’équilibre entre les diverses formes chimiques du chlore dépend du pH et de la température. L’acide hypochloreux HClO, dit aussi « chlore libre », est la forme utile pour la désinfection de l’eau, c’est donc le dosage de cette forme qu’il convient de réguler.
Le dosage du chlore
Un taux de « chlore libre » constant (de l’ordre de 0,1 à 0,3mg/L ) doit être maintenu quel que soit le débit d’eau dans le réseau. Pour ce faire une boucle de régulation comprenant un capteur et une vanne modulante est mise en œuvre. Afin de ne mesurer que le « chlore libre » et non le chlore total un capteur de type ampérométrique est utilisé : Voir la vidéo de présentation.
Il est tout à fait possible que la présence d’une forte concentration d’air (et donc d’oxygène) dissous dans l’eau perturbe le fonctionnement du capteur ampérométrique (voire même les équilibres chimiques liés à la dissociation du chlore gazeux et une diminution relative du « chlore libre »). La boucle de régulation aura alors tendance à augmenter l’injection de chlore gazeux afin de compenser ce déficit apparent. D’où la forte odeur de chlore associée au phénomène d’eau blanche.
En conclusion
Une prise d’air (tuyau endommagé ou mauvais branchement) sur l’alimentation en chlore de l’hydroéjecteur serait tout à fait à même d’expliquer à la fois le phénomène d’eau blanche et de surdosage en chlore. Ceci n’est qu’une hypothèse, elle a toutefois le mérite d’expliquer les deux phénomènes par une seule et même défaillance, ainsi que la disparition simultanée des deux phénomènes.
Que cette hypothèse soit confirmée ou non, il n’en reste pas moins que les abonnés concernés restent en attente d’une explication cohérente et de la liste des mesures prises pour que ce type d’incident ne se reproduise pas.
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