Etat des lieux et enjeux de l’urbanisme à Mallemort

La commune de Mallemort est caractérisée par une consommation foncière et un étalement urbain particulièrement important. L’urbanisation du territoire communal a pris plus de 2000 ans pour atteindre environ 40 ha au début des années 1970. Mais quarante ans plus tard la tache urbanisée atteint plus de 350 ha ! Le nombre d’habitants par hectare urbanisé dépassait 100 hab/ha dans les années 1950, il n’est que de 16 hab/ha aujourd’hui (la moyenne d’Agglopôle Provence est de 21 hab/ha ce qui donne une idée de l’accélération de la consommation foncière sur la commune pendant les dernières décennies). Cette surconsommation foncière est pour une grande part liée à la ZAC du Moulin de Vernègues (golf).

L’empreinte urbaine autour du bourg est en revanche restée relativement compacte. Par ailleurs deux hameaux importants (Pont Royal et Bramejean) confèrent une originalité particulière au territoire communal.

Autour du bourg l’espace consacré au résidentiel est relativement bien maîtrisé. Les abus en termes de consommation d’espaces que l’on peut les observer dans d’autres communes du département (Rognes, Lambesc, Lançon…) sont quasiment absents.

On note cependant un mitage important des zones agricoles (mais aussi des zones d’activités) : dans l’Agglopôle, Mallemort est avec Sénas le grand champion du mitage des zones agricoles. Rappel : toute construction en zone agricole est interdite, sauf par dérogation pour des « constructions et des installations nécessaires à l’exploitation agricole » (articles R123-7, L124-2, L111-2 du Code de l’Urbanisme). Ainsi être ou avoir été agriculteur ne donne pas droit à construire, seule la « nécessité » à l’exploitation agricole dûment justifiée peut le permettre.

Le territoire de la commune est essentiellement constitué d’excellentes terres agricoles irrigables. Ces terres sont un atout majeur pour l’avenir et leur préservation est un objectif prioritaire fixé au niveau départemental. Par rapport à d’autres communes de la région mieux lotis en espaces de moindre intérêt économique, cette particularité impose une gestion beaucoup plus rigoureuse et beaucoup plus économe du territoire, ceci constitue une contrainte qu’il faut savoir accepter et traiter avec intelligence. Conformément aux directives départementales, la protection des terres agricoles irrigables devrait être l’objectif majeur du PLU (à l’exemple des PLU de Charleval et Alleins).

Notre département a la particularité de faire fonctionner un organisme de concertation entre d’une part les Communes et leurs élus et d’autre part les professionnels de l’agriculture. Le Conseil pour l’Habitat Agricole en Méditerranée Provence (CHAMP) n’opère cependant que sur le département des Bouches du Rhône. Il a pour vocation de donner un avis sur tous les projets de construction en zone A des PLU ou des zones NC des POS. On ne peut pas dire que la communication sur son existence et son fonctionnement soit abondante alors que sa charte de fonctionnement n’indique aucun texte législatif ou réglementaire qui justifierait ou expliquerait l’existence d’un tel organisme !

http://champ13.free.fr/

Contrairement aux zones consacrées à l’habitat, l’utilisation du territoire communal à des fins économiques (Zones d’Activités) parait avoir été réalisée sans véritable ligne directrice au gré des sollicitations et des opportunités :

• Dans un premier temps des activités sont installés sur les espaces libérés par le chantier du canal EDF (usine plancher précontraint, services intercommunaux, carrière), mais cette politique n’est pas poursuivie.
• Une ZA (15 ha) est créer dans le quartier du Coup Perdu (mais rapidement détournée de son objectif initial de création d’emplois).
• Suit la création d’une autre ZA (18 ha), quartier La Verdière, afin de répondre aux sollicitations d’Intermarché.
• Vient ensuite la création de la ZAC du Moulin sur plus de 150 ha pour répondre aux besoins de grands promoteurs (à noter le faible rapport entre le nombre d’emplois créés par rapport à l’énorme surface consommée par cette opération).
• Puis la création d’une troisième ZA (5ha) au quartier de la Confrérie à la demande d’entreprises d’expédition agricole. L’utilisation de cette zone propice à l’habitat en entrée du village est extrêmement surprenante. N’aurait-il pas été préférable de valoriser l’ancienne carrière des Fumades ?
• Aujourd’hui 10 ha de ZA supplémentaires sont en projet au quartier du Roure.
• Et un projet complémentaire pouvant aller jusqu’à 25 ha a été envisagé sur le quartier Crau de Saint Pierre

A ce jour les difficultés pour finaliser l’occupation complète de la ZA de La Verdière et favoriser son renouvellement sont inquiétantes. Aucun organisme de gestion ne se soucis de la pérennité des ZA et le risque est grand de voir les zones déjà existantes se transformer progressivement en friches industrielles.

Au final si cette politique était poursuivie, Mallemort se retrouverait complètement ceinturé d’un ensemble de zones d’activités plus ou moins mal utilisées.

Par ailleurs les projets d’urbanisme sur Mallemort devront prendre en compte les points suivants :

• Un déficit important en logement sociaux qu’il convient de corriger rapidement.
• Une activité économique en centre-ville en perte de vitesse et totalement déstabilisée par la mise en place de la ZA La Verdière sans aucune contrepartie.
• Une zone d’activités du Coup Perdu qu’il convient de mieux utiliser.
• Des problèmes récurrents de stationnement en centre bourg.
• Un conflit entre la carrière Lafarge et les riverains.
• Un centre-bourg peu accueillant et peu attractif, un traitement paysager minimaliste, des entrées de ville catastrophiques….