La participation : un processus d’intelligence collective

Une pétition contre certains choix architecturaux  du projet de Maison des Association circule actuellement à Mallemort. Un tel évènement pour un projet en principe conçu  en concertation avec les usagers et les habitants concernés pose question.

Par comparaison, à Saillans des démarches véritablement participatives sont mises en œuvre  (voir article) et une pétition sur un projet de ce type parait bien peu probable. Alors qu’elles différences entre Saillans et Mallemort ?

A Saillans tous les projets de la commune sont co-construits avec tous les habitants, tous les usagers et toutes les parties prenantes concernées sans exclusive :

  • Les problèmes à résoudre font l’objet d’ateliers de réflexions et de débats auxquels tout le monde peut participer sans discrimination. La phrase  « Vous n’êtes pas d’accord ? Parlons en !  » est un principe de base de ces démarches. L’objectif est de résoudre collectivement toutes les objections.
  • Chacun est ainsi conscient des aspirations des uns et des préoccupations des autres.
  • Ce fonctionnement constitue un processus d’intelligence collective qui permet de définir ensemble des solutions acceptables. Les attentes peuvent ainsi être modulées collectivement par les futurs usagers eux-mêmes, en fonction des objections raisonnables et des impacts potentiels sur le voisinage. Inversement des objections peuvent-être levées au travers d’une meilleure compréhension de l’importance des enjeux collectifs du projet. Le processus de décision devient alors un processus par consentement collectif. Ce mode de fonctionnement évite de s’enfermer dans des choix définis en petit comité et donne une vraie légitimité aux décisions prises.

A Mallemort, le projet de Maison des Association n’a pas fait l’objet du même type de démarche collective et ouverte à tous :

  • Une démarche participative a bien eu lieu, mais celle-ci a été partielle et cloisonnée. Seules les associations directement concernées ont été consultées. Ces consultations ont été conduites séparément et indépendamment les unes des autres (janvier 2017). Chaque association a pu exprimer son « best to have » sans avoir conscience des conséquences ou nuisances éventuelles pour les riverains. La synthèse de l’expression du besoin global leur a été présentée en mars 2017.
  • Le projet architectural a ensuite été élaboré par le cabinet d’architectes en liaison avec les seuls élus, sans participation ni des associations ni des riverains (malgré notre demande). Pendant cette phase les impacts potentiels sur les  riverains n’ont jamais été abordés avec les personnes concernées.  Au final le projet a été présenté le 22 janvier 2018 aux associations et aux riverains de la Grand Rue. Il s’agissait seulement d’une réunion d’information, les participants n’étant pas invités à proposer d’évolution du projet.
  • Au final, ce projet n’a jamais mis en œuvre de démarche de réflexion collective entre associations ou entre associations et riverains afin que chacun prenne conscience des impacts du projet (coût pour les finances communales, diminution des places de parking, vue chez les voisins, perte d’ensoleillement, choix esthétiques pour les façades,…). Les associations n’ont jamais été conscientes des problèmes posés aux riverains.  Et certains riverains n’ont découvert la réalité du projet qu’au moment de l’affichage du permis de construire.

Aujourd’hui toutes les associations fonctionnent et trouvent à se loger tant bien que mal. La future maison des association apportera un confort de fonctionnement évident mais il est impossible de considérer celui-ci comme indispensable. Il est à peu près certain que si l’élaboration de ce projet avait été mené selon les principes d’intelligence collective mis en œuvre à Saillans, les associations auraient d’elles-mêmes limité leur expression de besoin afin de ne pas ajouter de nouvelles nuisances aux riverains.

En conclusion : une concertation qui ne concerne que les seuls bénéficiaires du projet ne peut pas être considérée comme une véritable concertation.  L’expérience de la maison des associations met en évidence la nécessité pour la commune de repenser les modalités de gouvernance de ce  type de projet.

 

Publié dans Démocratie

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