La question de l’influence des lobbys sur la décision publique se pose d’une manière toute particulière après la démission de Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire.
Si quelques rares députés s’insurgent de la présence permanente de lobbyistes dans les couloirs de l’assemblée et du sénat, la plupart trouvent cela normal (« qu’on le veuille ou non les lobbys font partie de la vie politique »…). Et certains se complaisent dans un soutien systématique aux intérêts économiques particuliers sans jamais se préoccuper de leurs éventuelles conséquences environnementales.
Une campagne semble actuellement menée pour convaincre l’opinion publique que la présence des lobbys dans les allées du pouvoir serait utile et même nécessaire au débat démocratique. Cette thèse est notamment défendue dans l’article du Monde ci-dessous par les économistes Stefan Ambec et Claude Cramps .
Il s’agit ici de mettre dans le même sac les « véritables lobbys » liés aux grands acteurs économiques (qui défendent les intérêts financiers de court terme de leurs commanditaires) et les « lobbys citoyens » (ONG, associations de protection de l’environnement, association de protection des consommateurs, …etc) qui tentent tant bien que mal de défendre le bien commun et l’intérêt général.
Dans les deux cas, il s’agit effectivement d’influer sur la décision publique. Pourtant les méthodes et les moyens mis en œuvre sont bien différents et n’ont ni la même valeur démocratique ni la même valeur morale :
- Les lobbys économiques agissent volontiers dans l’opacité : il s’agit de convaincre discrètement quelques personnes clés (dans les ministères ou dans les commissions parlementaires, ou toute autre instance décisionnaire); les autres élus suivent généralement sans trop se poser de questions… En conséquence, les arguments utilisés ne sont généralement pas mis sur la place publique. Pour obtenir une décision favorable il n’est pas nécessaire de convaincre le simple citoyen; alors autant rester discret…
- A contrario les ONG ou associations citoyennes agissent par principe dans la transparence. Leurs arguments sont publics car pour espérer obtenir une décision favorable il est indispensable que le public soutienne massivement leurs positions
- Rappelons tout de même que la démocratie suppose un véritable « débat public ». A Athènes, la qualité de « simple citoyen » donnait non seulement le droit d’assister aux débats de l’Hélié , mais aussi d’y prendre parole…
- L’autre différence notable entre lobbys économiques et lobbys citoyens concerne les méthodes et les moyens mis en œuvre. Il y a bien peu de chance qu’un élu se fasse inviter en « voyage d’études », ou dans un « bon restaurant » par une association citoyenne. Il y a bien peu de chance qu’une ONG se comporte en mécène pour une association parrainée par un élu, ou que les membres de son conseil d’administration financent une campagne électorale… Les lobbys économiques n’ont aucun état d’âme pour agir de cette façon.
Peut-on vraiment considérer que les ONG et les associations sont des lobbys au même titre que les émissaires des grands intérêts économiques ? A chacun de se faire son opinion…
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