C’est par un article dans l’hebdomadaire Le Régional que les Mallemortais ont appris l’existence d’un projet de parc photovoltaïque sur leur commune. Cet article nous informe de l’adoption de ce projet par le conseil municipal le 20 mai dernier (voir également le CR du conseil point 5)
Comme souvent lorsque qu’il s’agit de projets remettant en cause la qualité environnementale de nos territoires, la décision a été préparée et votée dans la plus grande discrétion… Personne n’a imaginé que les habitants de la commune pouvaient au préalable être concertés ou même informés. Dans ce domaine la pratique du « on vote d’abord et on en parle après » reste toujours d’actualité.
Le développement des énergies renouvelables est bien évidemment préférable à celui des centrales thermiques ou nucléaires. Il n’en reste pas moins que les zones naturelles comme le Piboulon sont loin de pouvoir être considérées comme des sites prioritaires pour ce type d’installations. Le développement du photovoltaïque devrait d’abord se faire sur les bâtiments et les parkings (toitures tribune stade, gymnases, bâtiment services techniques ou dans les anciennes carrières ou décharges (Les Fumades) avant d’envisager de détruire une des dernières zones naturelles de colline de la commune.
Pourquoi ce projet ?
Contrairement à ce que laisse entendre l’article du Régional, le projet du Piboulon semble moins résulter d’une réflexion de la municipalité sur le développement des énergies renouvelables que de la volonté de la société Voltalia d’optimiser et rentabiliser un projet déjà lancé sur la commune d’Alleins mais se heurtant à l’opposition des propriétaires concernés.
Depuis plusieurs années Voltalia développe deux projets sur la commune d’Alleins :
- le parc solaire de la « carrière des plaines » près du Défends (d’une surface de 20.3 ha correspondant à la consommation de 4266 foyers) pour lequel la société Voltalia a déjà obtenu un certain nombre d’autorisations
- le projet « Crau/ Piboulon » (d’une surface de 15 ha) qui fait déjà l’objet d’un accord avec la commune d’Alleins. Ce projet comporte en fait 2 sites distincts :
- La Crau d’Alleins (10 ha) entièrement situé sur la commune d’Alleins le long de la ligne TGV,
- Le Piboulon (5ha) sur la colline du même nom.
Le site du Piboulon se trouve à cheval sur les deux communes d’Alleins et de Mallemort… la commune de Mallemort a donc été sollicitée afin d’optimiser le projet. Voir plan ci-dessous (la zone en bleu est située sur la commune de Mallemort) :
Le projet sur le site Crau/ Piboulon n’est pas récent : la société « Parc Solaire de Piboulon », filiale de Voltalia, a en effet été créée en novembre 2009. Pour la petite histoire il faut savoir que Voltalia est également à l’origine d’un méga-projet de 170 ha sur la commune de La Barben : les autorisations avaient été données en 2012 par la mairie et par la préfecture, mais au final les permis de construire ont été annulés par la cour d’appel administrative suite aux recours d’associations de protection de la nature (la modification du POS n’était en effet pas compatible des orientations de la DTA voir article LPO PACA). Voltalia étudie désormais un projet plus réduit (52 ha) mais qui reste contesté.
Rappelons que pendant les élections municipales La Parole aux Citoyens avait interrogé les différentes listes sur d’éventuels projets de développement de l’énergie solaire. La liste Union pour l’avenir de Mallemort n’avait alors aucun projet dans ce domaine. A l’époque l’association avait insisté sur l’intérêt d’utiliser en priorité les toitures des bâtiments communaux (tribunes stade, gymnases, services techniques, écoles…) plutôt que des espaces au sol…
La colline du Piboulon est-elle un site pertinent pour ce genre d’installation ?
Contrairement à ce qui est affirmé dans le texte de la délibération, la réponse est : évidemment non !
A la différence de Mallemort, la commune d’Alleins dispose d’importantes surfaces de zones naturelles, elle peut sans problème consacrer 15 ha de friche en bordure immédiate du TGV pour la production d’énergie solaire. Par contre notre commune a vu l’essentiel de ses zones naturelles dévastées par la ZAC du golf ou les incendies. Le Piboulon reste le dernier bout de colline de la commune encore intéressant sur le plan écologique. Il convient impérativement de le préserver.
Le Piboulon vu depuis Mille Bouquet
Selon l’ Avis de l’autorité environnementale (voir page 6), la colline du Piboulon serait une « butte constituée des remblais issus du creusement du canal EDF». Une simple visite sur le terrain montre qu’il n’en est absolument rien. Les affleurements rocheux (poudingue) parfaitement visibles en de nombreux points du plateau démontrent qu’il s’agit d’un relief naturel formé d’anciennes terrasses alluviales. Le plateau sommital a effectivement été utilisé comme zone de stockage temporaire pour les remblais du canal EDF mais, contrairement à ce qui est affirmé, la Colline du Piboulon n’est pas « le fruit de politiques d’aménagement du territoire antérieures » . Le Piboulon est peut-être le dernier site d’où l’on peut encore avoir un point de vu « authentique » sur le village.
Le plateau sommitalMallemort vu depuis le Piboulon
A ce jour la colline du Piboulon est redevenue une zone particulièrement sauvage, riche sur le plan écologique. La steppe sommitale est notamment entourée d’un riche taillis de chênes abritant de nombreux oiseaux (huppes, guêpiers, ramiers, rapaces diurnes et nocturnes). Au-delà des lièvres et des lapins, des terriers sur le flanc Est de la colline témoignent de la présence passée de renards ou de blaireaux. Sur le plan botanique de très nombreuses orchidées ainsi que des des iris nains fleurissent au printemps sur le plateau ainsi que des catananches en début d’été. Ce dernier vestige de colline est à préserver absolument.
Dans les bois de chênes qui entoure la colline
Orchidées sauvages sur le plateau sommital
Notons la présence à l’extrémité nord du plateau, d’un curieux « mégalithe gravé ». Il s’agit apparemment d’une ancienne borne communale. Gravé sur chacune des faces, on trouve un « A » très original côté Alleins et un « M » côté Mallemort.
La borne communale à l’extrémité nord du plateau
Petite Question : combien de conseillers municipaux se sont effectivement déplacés sur la zone en question avant de voter en faveur de ce projet ?
Un groupe de citoyens se forme à Villelaure (Vaucluse), commune située entre Cadenet et Pertuis, pour s’opposer à un projet de serre de maraîchage agro-énergétique et d’une chaudière bio-masse. La serre agricole a pour vocation de produire des jeunes pousses de salade en hors-sol. La toiture de la serre est composée de modules photovoltaïques sur les versants Sud. La surface de la serre est de 3.85ha. Nous vous contactons pour vous proposer de partager nos luttes.