Gazon maudit : le rapport de l’ANSES

Dans un article récent nous rappelions qu’un rapport de l’ANSES était  attendu depuis le mois de juin pour faire le point sur les risques éventuels liés aux gazons synthétiques. Ce rapport est enfin paru le 17 septembre.

Voir Note d’appui scientifique et technique de l’ANSES

Ce document s’appuie sur 22  études existantes notamment celles de l’ECHA (European Chemicals Agency)  et celle du RVIM aux Pays Bas . Notons que l’ANSES précise que son rapport « ne constitue pas une évaluation des risques sanitaires et ne vise donc pas à émettre une conclusion de l’agence sur l’existence ou l’absence de risques »

L’ANSES indique toutefois que les études consultées concluent « majoritairement » à un risque négligeable pour la santé . La formulation laisse entendre qu’il existe des études pour lesquelles les risques ne sont pas négligeables…  Lesquelles ? Le qualificatif  « majoritairement » fait-il référence à une majorité à 50.1% ou à 99,9% ? Nous aimerions en savoir plus…

L’ANSES rappelle que les normes existantes sur les gazons synthétiques ne concernent que leur qualités d’un point de vue sportif (amortissement, qualité du rebond,…) mais absolument pas leur toxicité. Contrairement à ce qui est parfois mis en avant par les installateurs, le respect de ces normes ne garantit absolument rien sur le plan de la santé des utilisateurs et des riverains.

Pour l’ANSES les risques environnementaux seraient à prendre en compte de façon plus approfondie :  les granulats de pneumatiques recyclés contribuent à la diffusion dans la nature de particules de microplastiques et de différents produits chimiques et métaux lourds entrant dans la composition des pneumatiques et présentant une écotoxicité mal connue pour l’environnement ( 1% à 4% des granulats sont perdus chaque année et doivent être remplacés, en fait ils passent tout simplement dans la nature… )

En faisant état d’incertitudes et de limites méthodologiques, le rapport confirme ce que l’on savait déjà (notamment les limitations liées à la très grande variabilité des produits utilisés dans la fabrication des pneumatiques). Il s’efforce en conséquence d’identifier et de hiérarchiser les besoins de connaissance concernant les différentes situations d’exposition. Il préconise un certain nombre d’études et de mesures complémentaires (acquérir plus de données, analyser plus largement les polluants potentiels, restreindre la teneur en HAP des granulats, conduire une évaluation rigoureuse des risques environnementaux,…) qu’il conviendra de mettre en œuvre afin d’y voir plus clair un jour …

En marge des problématiques de santé, d’autres points sont intéressants à noter  :

  • Un point très positif : en France 90% des terrains de foot sont encore en herbe. Il est évidemment souhaitable qu’ils le restent…
  • Un terrain en gazon synthétique demande un investissement financier bien plus important qu’un terrain en gazon naturel. Le coût d’entretien est certes inférieur, mais « néanmoins l’ordre de grandeur des coûts reste similaire ». Rappelons qu’une étude de la fédération française de football Rhône -Alpes mentionne un coût global sur l’ensemble du cycle de vie (installation + maintenance) deux fois supérieur à un celui d’un terrain en herbe, mais que le terrain synthétique permet une utilisation 5 fois plus intensive (30 heures par semaines au lieu de 6 heures pour un terrain en herbe). Doit-on comprendre que la réalisation d’un terrain synthétique permettrait de supprimer 4 terrains en herbe ?
  • Un gazon synthétique serait à changer tous les 10 ans ? ( les installateurs évoquent 15 ans)
  • Sans véritable surprise (mais peut-être auraient-ils dû le faire un peu plus tôt…), nous apprenons en page 18 que le lobby des fabricants de pneumatiques, recycleurs et installateurs de gazons artificiels a lancé une « vaste étude »  pour démontrer l’innocuité de ses produits grâce à un « programme européen de recherche« … Comme toujours dans ce type de débat : on n’est jamais mieux servi que par soi-même !
Publié dans Environnement / Cadre de vie

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