Mallemort d’antan

GE DIGITAL CAMERAPour se rendre compte un peu de ce que « vie » veut dire, peut-être faut-il se rappeler, ce qu’était Mallemort autrefois. Pas si vieux que ça d’ailleurs, puisque les souvenirs sont encore frais. Beaucoup de bâtiments de la vie économique et sociale ont disparu, ou ont été transformés. L’activité principale du village était l’agriculture.

L’actuelle Salle des Fêtes sur la place du marché, était en fait un marché couvert. Juste un toit et des piliers, rendez-vous journalier pour les paysans des alentours, dont une centaine de familles de Mallemort. La place grouillait d’agriculteurs et d’acheteurs venant de toute la région de Béziers à Nice. Sur la commune il n’existait pas moins de 15 expéditeurs. Il y avait aussi un poids public, indispensable pour peser avant et après chargement.

Ce marché couvert, se transformait à l’occasion des deux fêtes votives annuelles. La Saint Jean et la Saint Michel. La Saint Michel était considérée comme plus importante. En effet, c’était la période des comptes. La fin de l’été, marquait aussi la fin des récoltes. Les paysans payaient leurs baux des locations des terres. De là vient l’expression « faire saint Michel » : la fin d’un contrat de fermage. Peut être déménager, et recommencer ailleurs. Pour fêter cela, de grandes bâches étaient déroulées entre les piliers. Aïoli obligatoire..

15 expéditeurs, cela fait du boulot ! Et au cœur du village encore.

Donat, était avenue de la Fontaine. 6 à 12 employées travaillaient chez lui. Et 500 à 600 tonnes de melons transitaient chez lui, 300 tonnes de carottes et navets.

Beysson Tintin. Bâtiment en bas de la Grand-Rue, ancien « Lavandin ».

Perrier juste à côté, avenue Victor Hugo.

Andreis Germain et Firmin : à côte de l’office du tourisme, la grande cour.

Péchier André : parking du rond-point de l’olivier. Laveuse de carottes en permanence.

Chauvet Roger : Avenue des Alpines.

Villion André au quartier Notre Dame, route du camping.

Pascal Léon et Théophile : pommes de terre et oignons

Ventre Marcel : rue Fernand Pauriol, actuellement boucherie en face Casino, plus la cour et les dépendances.

Mille Marcel : centre d’échographie. Melons, carotte,navets.

Badino : rue des frères Roqueplan

Robert Durand

Avond…

Il existait aussi une usine : « Copatomate », à l’emplacement des services techniques actuels. Le propriétaire, M. Jarrett Knott, habitait la maison bourgeoise juste à côté.

Cette usine faisait de la conserverie de tomates récoltées localement. Elle employait des ouvrières et des agents de bureau. Les déchets de tomates, sortaient de l’usine par une vis sans fin, et s’écoulaient directement dans le ruisseau du moulin longeant le mur de l’usine, qui lui même se déversait dans la Durance.

Deux cinémas animaient les soirées au village. Le cinéma CASINO GROS, rue Gérard Philipp. Et LE COMEDIA, avec deux salles de bal. Chez Mme Berthe. A l’endroit de l’actuel Crédit Agricole jusqu’au bar l’Embuscade. Pour un prix modique, tous les samedi, il y avait deux orchestres. Beaucoup de jeunes fréquentaient ces salles, et venaient de très loin (même de Marseille ! C’est dire…).

Si pour le plein d’essence ou réparer sa voiture aujourd’hui il faut aller en zone commerciale ou sur la N7, en ce temps là, on pouvait aller par exemple chez Buchaca, dit « Mouné », en bas de la Grand-rue. Sa femme « Mima » servait à la pompe, et lui réparait cycles, mobylettes Peugeot. Louis Gilles dit « Loulou », garage Fiat, à l’emplacement de l’agence Martinelli, en face le Cercle.

Au rond point de l’olivier, en allant vers la place du marché, le garage Citroën, tenu par M Schuster, dit « carotte ».

M et Mme Callier tenaient la pompe à essence sur la place du marché, à l’heure actuelle à l’Embuscade, et les cuves se trouvent toujours sous la terrasse du bar.

Plus loin, quand même, signalons M Villa à Pont Royal, et Trézière à Donneau.

Vie sociale, convivialité, papotages, quel lieu mieux approprié que le lavoir ? Ah bien sûr, depuis la machine à laver le linge, les femmes les ont désertés. Ceci dit, dans nombre de villages ils ont été entretenus, revalorisés, et on les visite comme des monuments… on les fleurit aussi. A Mallemort, non. On les rase. C’est plus propre (pour des lavoirs c’est un peu bizarre, non?).

Il y en avait 5. Avenue des Alpines, à côté du Notaire, le petit parking… A côté du cimetière, démoli récemment pour quelques graffitis … et quelques bagnoles, encore.

Pour la construction de l’école Joliot Curie, démolition du 3ème. Rue Lamanon, démolition pour logements sociaux. Il y en avait un aussi en bas de la Grand-rue, devant la fontaine.

MAIS ! Il en reste un, en mauvaise santé mais encore là, avenue de la Fontaine. Démolira-t-on ce dernier, pour finalement en reconstruire un tout neuf pour la carte postale, comme il a été fait pour la fontaine de l’église par exemple ???

Nostalgie ? Non. Déception qu’un si joli village soit abandonné dans son identité. La société a changé, c’est vrai, mais le patrimoine bâti, les habitants sont encore là. Doit-on vivre absolument « à l’américaine », marcher dans d’interminables centres commerciaux tous plus éloignés des centres villes ?

Récemment j’étais dans la galerie marchande de Auchan avignon sud… Quelle dérision ! Levez la tête, sur les fausses façades, les persiennes, les faux rideaux. Il n’y a rien derrière, mais le décors, vous comprenez ? On fait croire à des rues de villages, à grands coups (coûts) de peinture, et crépi imités. Bientôt ils mettront des chants d’hirondelles ou de martinets. Les grandes enseignes jouent sur la nostalgie des gens pour mieux leur vendre leurs saloperies, elles oublient que ce n’est pas de « l’authentique ». C’est un peu comme Dysneyland.

L’authentique, le charmant, on l’a devant chez soi, et on ferme la porte. Aux habitants du haut du village, j’ai envie de dire : sortez vos tables et vos chaises. Papotez sur le seuil de votre porte. Buvez l’apéro, faites une partie de cartes entre voisins, là sur les trottoirs. Bien sûr, cela n’est possible que l’été, mais il en restera toujours quelque chose. Réappropriez vous votre espace commun.

Je connais un village qui s’appelle Grimaud. Non : pas port Grimaud, qui par ailleurs est un immondice. Non, je parle du vieux Grimaud. Les petites rues sont enchanteresses. Des fleurs, des tables, des chaises, des vélos d’enfants, des chats… de la vie. Et pourtant ça grimpe, hein ! Et comme dans toutes les communes escarpées, il y a la rue « rompe cul »…

Nathalie KERBRAT

Publié dans Environnement / Cadre de vie, Inventaire du Patrimoine
2 commentaires pour “Mallemort d’antan
  1. ANDREIS ARMELLE dit :

    Il y a une erreur la liste des EXPEDITEURS de MALLEMORT:

    Germain ANDREIS et son frère Antonin ANDREIS , place Raoul Coustet. L’Office de Tourisme était les bureaux de l’entreprise , à l’arrière l’entrepôt et hangard de stockages. La grande cour pour les livraisons et chargements des camions pour l’expédition.

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