Scandale dans nos tuyaux (Saison 3)…

eau

Le rapport annuel 2019 sur le prix et la qualité du service public de l’eau potable et de l’assainissement  a été adopté le 19 novembre dernier par le Conseil de la Métropole.

Comme chaque année, l’analyse de ce rapport fait apparaitre des indicateurs tout à fait inquiétants concernant la gestion de l’eau potable et de l’assainissement dans notre commune…

Voir Rapport Eau Assainissement 2019

Nota : conformément à l’article D2224-5 du CGCT, ce rapport devrait être mis en ligne sur le site internet des communes concernées…

Concernant la gestion de l’eau potable

  • Avec 33% de pertes réseau (voir indicateurs page 55) Mallemort détient le record des pertes réseau dans le Pays Salonais et fait partie des communes qui postulent pour un record de France !
  • La sécurisation complète de la distribution d’eau potable dans la commune n’est toujours pas assurée malgré les demandes de l’ARS et une interconnexion avec le Golf et la commune d’Alleins : des travaux seraient en cours pour une sécurisation complète par l’usine de production d’eau potable de Salon (voir page 11 du rapport).
  • Mallemort détient le record du taux d’occurrence des interruptions non programmées :  4,13 interruptions/1000 habitants pour une moyenne de 1,76 sur le territoire du Pays Salonais (voir indicateurs page 55)
  • Les capacités de stockage sont manifestement insuffisantes : 2h seulement d’autonomie pour le réservoir du village, alors que la moyenne est de 23h dans les autres communes du Pays Salonais (voir page 12 du rapport). On rappelle à ce sujet que  l ‘ARS a émis des réserves lors de l’élaboration du PLU sur la capacité du réseau d’eau potable de Mallemort à répondre de façon sécurisée aux besoins de la population et aux projets d’urbanisation inscrits au PLU.

Deux bons points cette année :

  • Contrairement aux deux années précédentes (voir Des pesticides dans nos tuyaux), aucune pollution n’a été enregistrée en 2019. La question de l’origine des pollutions au Fosetyl-aluminium observées en 2018 et 2017 reste cependant posée ainsi que celle de la pertinence du périmètre de protection du forage de la Crau Saint Pierre. On note à ce sujet que l’indice de protection de notre forage n’est que de 60%  (voir page 14)
  • Selon la mairie, l’abaissement de la nappe a été suffisamment modéré cette année pour ne pas compromettre le fonctionnement du forage de la Crau Saint Pierre, des importations depuis le Golf ou Alleins n’ont pas été nécessaires. Étonnamment, les informations sur les insuffisances du forage de la Crau Saint Pierre  ne figurent pas dans les rapports de la Métropole, elles ont été données en conseil municipal.

 A propos des pertes réseau

Depuis plusieurs années notre association s’inquiète de l’importance des pertes réseau à Mallemort (voir article). Celles-ci pourraient en effet expliquer les problèmes d’humidité dont souffrent de nombreuses maisons dans le village. Malheureusement la résolution de ce problème ne progresse toujours pas : au lieu de s’améliorer la qualité du réseau s’est au contraire dégradée en 2019 , le rendement est en effet passé de 61% en 2018 à seulement 57% !

Il sera rappelé ici que depuis 2012 (voir Décret n°2012-97 ) la loi exige un rendement minimum de 85% pour les réseaux de distribution d’eau. En cas de rendement insuffisant, un plan d’action annuel doit être mis en œuvre (voir   article L2224-7-1 du CGCT : ce plan suppose un suivi annuel et un bilan des recherches et réparations effectuées). Par ailleurs le non respect de l’objectif de 85% entraine le doublement de la redevance de prélèvement payée à l’Agence de l’Eau (Voir Instruction du 16-06-2015). Questions : depuis le décret de 2012 un plan d’action a-t-il  été défini et mis en œuvre ?  Quels en sont les bilans annuels ? Pourquoi ne constate-t-on aucun progrès ?

Lors du conseil municipal du 9 décembre dernier Mme le Maire a indiqué que ces « pertes réseau » seraient essentiellement dues non pas à des fuites mais à du « vol d’eau » : c’est à dire des branchements illégaux sans compteur. Cette explication, si elle s’avérait exacte, n’en serait pas plus acceptable :

  • D’une part, ce type de branchements illicites ne peut pas être réalisé sans une intervention complaisante du service de gestion des eaux…
  • D’autre part, 40% de « vol d’eau » pourraient signifier qu’une forte proportion des foyers Mallemortais ne paient pas l’eau qu’ils consomment et ne contribueraient donc pas à l’entretien et à la gestion du réseau collectif dont ils bénéficient !  En 2019 à Mallemort le volume « d’eau perdue » représente 247645 mètres cube, soit  544819 Euros payés par les « vrais abonnés  » à la place des « abonnés illégaux ». Cette somme représente environ 10% de l’ensemble des recettes du service des eaux sur le Pays Salonais !!!

En résumé : soit les pertes réseau sont dus à des « fuites » et cela pose un problème de maitrise technique de la part du délégataire soit il s’agit de « vol d’eau » et cela pose un problème éthique, voir juridique. Dans les deux cas l’inaction observée n’est pas acceptable.

Concernant le réseau d’assainissement

  • Mallemort détient le record du nombre de points nécessitant des interventions de curage fréquentes : soit 30,9 points noirs/100km de réseau (pour une moyenne de 12,9 dans le Pays Salonais)
  • L’indice de connaissance du réseau n’est que de 30% alors qu’il est de 85% dans toutes les autres communes (sauf Salon et Lamanon)
  • Du fait d’une interconnexion non règlementaire entre les réseaux publics pluvial et assainissement, les débordements d’effluents sur la voie publique (et parfois même chez les particuliers) restent systématiques en cas de grosse pluie (voir Article).  Le curage de l’ancien canal des Alpines n’a rien amélioré, mais il a été indiqué en conseil municipal qu’un problème avait était identifié au niveau de la vanne permettant de by-passer la station d’épuration en cas de grosse pluie : elle ne permet pas le passage des débits observés et devrait être changée. Depuis 2015 (voir Article) la question du découplage assainissement-pluvial reste posée. Des solutions ont été définies mais les travaux correspondants ne semblent pas être considérés comme prioritaires.

En conclusion

Avec le réchauffement climatique, la raréfaction, la préservation et le partage équitable de la ressource en eau deviennent des sujets majeurs. En conséquence, le laisser faire observés jusqu’à aujourd’hui dans la gestion des réseaux d’eau potable et d’assainissement de notre commune ne sont plus acceptables.

 

 

Publié dans Compétences Métropolitaines

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